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30 Avril

Ethnie Betsimisaraka

Mahay Expédition

Sommaire

  1. Introduction
  2. Généralités
  3. Géographie de la côte Est de Madagascar
  4. Culture malgache et traditions Betsimisaraka
  5. Histoire de l’ethnie Betsimisaraka

1° Introduction

« Betsimisaraka », les nombreux qui ne se séparent pas.

Malgaches de l'ethnie Betsimisaraka

La tradition orale a donné au passé de l’ethnie Betsimisaraka son matériau de base comme beaucoup d’ethnies malgaches. Il faut la saisir en cherchant, ce qu’elle révèle mais aussi ce qu’elle cache.
On ne peut pas séparer la tradition du contexte socio-religieux dans lequel elle a pris naissance et dans lequel elle se prolonge, se développe et se transforme pour s’adapter au sens de l’histoire.

Ce peuple de Madagascar occupe la majeure partie du littoral Est de l’île. Il vit dans la région de Tamatave sur la plaine côtière qui s’étend, de Sambava au Nord, à Mananjary au Sud. Cette ethnie de Madagascar est la seconde par son nombre (à peu près 15% de la population).

2° Généralités

La région occupée par l’ethnie Betsimisaraka couvre environ 72 000km2. La population est estimée à 1,5 million d’habitants, répartis sur 12 chefs-lieux.

Contrairement aux autres ethnies de Madagascar, ils sont plutôt sédentaires et attachés à leur terroir. Leur grand sens de l’hospitalité est historique, accueillant tout au long des siècles, les Arabes, les pirates et flibustiers Européens, les commerçants Chinois, Indonésiens, les créoles Réunionnais ou Mauriciens, les Anglais, les Français …

Une ouverture qui fut concrétisée par des alliances matrimoniales qui expliquent la présence d’un taux important de métissage.

Le pays Betsimisaraka est un véritable creuset des civilisations. La pyramide des âges s’apparente à celle d’une population jeune : une base large et un sommet réduit à partir de 60 ans. La présence du Canal des Pangalanes a orienté cette population à développer des cultures d’exportation comme le café, la canne à sucre, le poivre, le girofle ou la vanille.

Mais c’est principalement un peuple de pêcheurs.

Pecheur sur le canal des Pangalanes à Madagascar

3° Géographie de la côte Est de Madagascar

La répartition des Betsimisaraka s’étend le long de la côte orientale Malgache, de Sambava à l’extrême Nord jusqu’à Mananjary à l’extrême sud, sur une bande large de 100km. Leur territoire est limité à l’Ouest par une barrière montagneuse située à l’intérieur des terres qui culmine à certains endroits jusqu’à 2200 mètres.

À l’Est, il est bordé par l’Océan Indien parsemé à certains endroits d’un chapelet de petites îles. D’une manière générale, la côte Betsimisaraka est sableuse et recule par endroits, sous l’influence des éléments naturels comme les cyclones. À certains endroits, elle peut être protégée par des barrières de corail (hoala) dont les chenaux intérieurs et lagons offrent des sites idéaux pour la pêche locale et l’exploitation touristique.

La présence du Canal des Pangalanes est également un atout, géographique et touristique.

Carte de répartition des ethnies de Madagascar

Dans l’ensemble, le relief de la région de l’ethnie Betsimisaraka présente trois séries d’escarpements traversés par des failles littorales ou des failles formant des dépressions lacustres plus ou moins importantes.

C’est un pays qui se caractérise par ses rivières, ses lacs, ses forêts, ses plaines vallonnées et ses pluies.

Le pays Betsimisaraka offre une unité frappante dans sa végétation, sa faune et son climat. Des éléments qui ont contribué, en partie, à la structuration de la mentalité Betsimisaraka.

Malgré l’écobuage utilisé pour créer les « jinja », « tetiky » ou « tavy » où se cultive le riz de montagne, il existe encore de vastes forêts vierges, peuplées et difficilement accessibles.

Ces grandes forêts ombrophiles de l’Est sont des forêts primaires riches en espèces endémiques.

4° Culture malgache et traditions de l’ethnie Betsimisaraka

La place et l’usage de l’amour, la sociabilité, l’individualité, la séparation et la fusion avec l’autre, la nature, les morts, Dieu… Toutes ces questions métaphysiques et théologiques, et le traitement si malaisé de notre situation individuelle dans la société par nos philosophies occidentales reçoivent chez les Betsimisaraka un traitement original par le biais du fihavanana, moyen spécifique et efficace d’être un a plusieurs.

a- Le Fihavanana

Le fihavanana, « solidarité », exprime cette nécessité selon laquelle « il est impossible d’attraper un pou avec un seul doigt ». Autrement dit, de réussir seul (tondro tokana tsy mahazo hao). La course au pouvoir par intérêt ou vanité ne doit pas faire oublier qu’on n’est rien sans les siens.

Enfant vivant sur le Canal des Pangalanes à Madagascar

Cette idéologie est fondée sur une conception du flux vital et de ses canaux de diffusions modélisé sur le rapport ‘père-enfants’. Le fihavanana préconise une ouverture sur l’extérieur. L’époux s’ouvre à son épouse et sa famille, la famille à la société, et l’individu à l’univers.

b- La relation à la mort à Madagascar

À Madagascar, tout dans le quotidien semble s’articuler autour de deux pôles que sont la vie et la mort. La mythologie, la circulation de la parole, de la nourriture et des biens, les relations matrimoniales, l’ordre juridique, la cosmologie, l’économie et la politique sont concernés en premier chef par les croyances relatives à la mort et aux morts. Le problème de la vie et de la mort est la clé de voûte du système de pensée Malgache et plus particulièrement de celle des Betsimisaraka. Pour ce groupe, la vie est un don de Dieu (fanomezan-janahary). En la transmettant, en l’organisant, l’homme participe en quelques sortes à la création divine.

La reproduction de la vie n’est pas que l’occasion d’un plaisir sexuel, mais elle structure tout le système de pensée. On n’atteint la plénitude de la vie conjugale que si celle-ci est féconde.

« Ayez sept garçons et sept filles » (miteraha fito lahy fito vavy) est le souhait traditionnel que l’on se doit de formuler à un jeune couple. Le chiffre 7 étant un chiffre de plénitude. Sept garçons pour assurer la continuité du lignage et perpétuer la mémoire des ancêtres et sept filles pour une meilleure cohabitation avec d’autres groupes lignagers par la médiation d’alliances matrimoniales. La mort est désordre. Elle dérange le groupe dans ses activités quotidiennes. Il faut donc la maîtriser complètement, ne serait-ce que sur le plan symbolique, grâce au rituel. Les vivants sont semblables à un rocher qui affleure à la surface de la terre et dont la plus grande partie se trouve enfouie dans le sol. C’est cette partie invisible qui permet à ce qui émerge de ne pas être emporté par les eaux pluviales et par les pieds des passants.

La tâche de l’homme est de trouver la voie difficile de l’unité dans la différence. Savoir s’adapter en acceptant le changement nécessaire que la marche vers l’avant impose.

c- La relation aux ancêtres à Madagascar

Ce concept de l’origine est fondamental chez les Betsimisaraka. L’individu étant avant tout le descendant de tel ou tel groupe auquel appartenaient ses ancêtres, « razana ». Le respect des ancêtres est donc primordial. Tout individu a ainsi des droits et des devoirs affectifs et éthiques auxquels il ne peut se dérober. Il se doit d’être fidèle aux valeurs ancestrales.

Les ancêtres ne sont pas dissociés de la terre où ils sont enterrés. C’est ce qui donne une valeur sentimentale forte à la terre, en tant que patrimoine.

La Terre des Ancêtres, « Tanindrazana », est l’espace légué par les raiamandreny passés dans l’au-delà. Et il est fondamental de préserver et léguer cet héritage aux générations suivantes dans l’état où les ancêtres l’ont laissé. Ces derniers ayant fondé les villages, construit les tombeaux, creusé les rizières, planté les arbres fruitiers… Le sentiment du souvenir est pour les vivants une marque de respect qu’on accorde aux ancêtres.

Le rapport ancêtres – vivants est d’autant plus fort que les ancêtres ne sont pas seulement des morts qui ont quitté le monde des vivants, mais sont également considérés comme des forces spirituelles capables d’aider et de guider les vivants.

4° L’histoire de l’ethnie Betsimisaraka

Le pays Betsimisaraka est la création récente, au XVIIIe siècle, de l’habile politique de Ratsimilaho. Il rassembla de nombreuses petites communautés qui, de longtemps, avaient rejeté l’organisation royale. Mais, sous une apparence égalitaire, avaient conservé une forme hiérarchique avec ses tompon-tany (maîtres de la terre).

Village Betsimisaraka sur le Canal des Panagalanes à Madagascar

Il libéra les clans du Nord, assujettis à ceux du Sud, et conquit les régions du Centre et du Sud. Puis, il réussit à rassembler par la force les trois fédérations de clans en une seule entité politique. Afin que cette confédération ne se sépare pas, il les nomma Betsimisaraka « les nombreux inséparables ». A la suite de quoi, il prit lui-même le nom de Ramahalomanopo « Celui qui est obéi de tous ». Les Betsimisaraka appartiennent à une société de type clanique à tradition égalitaire, et sont regroupés en confédération de clans. Ils ne sont pas une ethnie au sens strict du terme, mais ils constituent un regroupement de clans et d’ethnies.

NB : Le musée Betsimisaraka, ou musée régional de l’université de Toamasinan ne manque pas d’intérêt.

L’Ethnie Betsimisaraka, littéralement les nombreux inséparables, est mise à l’honneur dans cet article. Origine, histoire, culture.